Même les mafieux ont droit à quelques jours de repos par-ci par-là et, même les gens comme Hari savent apprécier ces journées vides bien qu'il ait parfois du mal à les remplir. Comme on lui a beaucoup parlé des plages de Polynésia, de leur beauté et de leur aspect apaisant, l'homme a évidemment souhaité expérimenter cela. Et le voilà, allongé sur une plage de sable blanc. A vrai dire, ce n'est pas vraiment ce à quoi il s'attendait. Il y a du monde dont certaines personnes qui sont bruyantes ou beaucoup trop agitées, ce qui est assez pénible pour l'androgyne. Les enfants crient et courent, projetant du sable tout autour d'eux, dont sur notre cher vacancier. A cela s'ajoute le soleil qui tape fort, trop fort pour la peau du jeune homme, et voilà un repos tout sauf reposant.

Même si ce sont loin d'être des vacances de rêve, il aime à penser que toute expérience est bonne à prendre et que c'est en se heurtant à des obstacles que l'on finit par progresser -ce qui ne l'empêche pas pour autant d'apprécier la facilité-.

Un enfant relou se fait recadrer -ou plutôt balancer au loin- par un inconnu qui était visiblement en pleine sieste, spectacle des plus satisfaisants pour une victime du sale gosse. Le Tigre de Balkane n'aurait jamais pris l'initiative d'envoyer paître le garçon, se doutant que cela lui aurait causé bien des soucis, cette tournure des événements est donc des plus plaisantes puisqu'il y gagne sans être sujet du moindre contrecoup. S'il se moque que quelqu'un paie le prix de la tranquillité, le mafieux s'intéresse tout de même à la personne qui est passée à l'acte. C'est qu'il faut un sacré cran -et une certaine insensibilité- pour s'en prendre à un enfant.

Hari décide donc de suivre le brave inconnu jusqu'à la plage privée, endroit où les sauveteurs le traînent de force. Il l'observe comme un animal étrange avant de s'approcher de lui et de poser une main amicale sur son épaule.

"Merci, vous êtes un héros. Cela faisait un moment que j'éprouvais le désir de... "d'envoyer paître" ce gamin" annonce-t-il à l'étrange individu qui a été chassé, en tâchant de reprendre ses morts. Il marque ensuite une pause, prenant quelques secondes pour réfléchir à quels mots employer, avant de reprendre la parole. "Je ne savais pas que c'était la mode de porter un bonnet et un manteau à la plage" dit-il en arrangeant la chemise blanche qu'il porte et qui a commencé à se froisser. "Vous êtes du coin ?".

Hari cille. Il n’y a rien de plus sacré que la sieste ? Il n’est pas tout à fait d’accord. La sieste est un élément très certainement indispensable à un bon repos, le repos étant lui-même essentiel à un bon travail. Mais le repos n’étant pas censé être l’activité principale d’un humain, ce n’est donc pas si sacré que cela, aux yeux du mafieux.

“Je vois, si vous le dites” se contente-il de répondre à l’explication de l’étrange homme au bonnet, peu désireux de se lancer dans un débat philosophique avec cette chose qui ressemble de plus en plus à une loque humaine. L’androgyne hausse un sourcil, surpris par les mots de son interlocuteur. “Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas de mon genre de demander un autographe.” Il se demande si l’homme au bonnet est une célébrité pour ainsi supposer qu’il est venu lui demander une signature.

Le brun s’assoit à côté du cogneur d’enfants et s’allume une cigarette. Pratique pour dormir, hein ? Il ne voit pas vraiment comment. “Vous êtes le seul avec un bonnet sur cette plage alors autant dire que vous attirez les regards” dit-il en crachant un nuage de fumée, se demandant si l’énergumène ramènerait ça à sa beauté ou à une quelconque autre raison qui flatterait son égo.

L’espace d’un instant, le Tigre de Balkane écarquille les yeux, surpris d’entendre le nom de la Bravta, une grande famille mafieuse dont la puissance et l’influence rivalisent avec Grandheta. Il passe une main dans ses cheveux, se grattant la tête.

“Euuuuh… Merci de-...”

Hari n’a pas fini sa phrase qu’il voit l’homme prendre ses jambes à son cou. Il lâche un soupir. Devrait-il lui courir après ? S’il s’enfuit c’est qu’il a sûrement fait quelque chose de grave ou a déserté sa famille, le capturer pouvait donc s’avérer intéressant. L’aider à fuir la Bravta peut également s’avérer intéressant bien qu’il y ait forcément des risques. Cependant, a-t-il réellement envie de se mêler des affaires de la Bravta -et donc embarquer Ghaith dans cette histoire- ? Il n’en est pas si sûr. D'autant plus que le zigoto a filé à toute allure et qu'il ne se voit clairement pas le rattraper.

Le mafieux se met à marcher, tout en achevant sa cigarette, empruntant la même direction que le fuyard sans pour autant courir. Il n'est pas venu pour jouer au chat et à la souris. S'ils se retrouvent, tant mieux, il pourra clarifier les choses. Et sinon, tant pis.