En retard. Kairsha a trouvé le moyen d’être en retard (selon elle). Elle court sur le bitume, le plus discrètement possible. Ses jambes sont lourdes, son teint semble blafard par la poudre qui reste encore dessus, mais son regard est plus déterminé que jamais.
Enfin, elle a enfin une mission pour la famille, et non des moindres, une famille alliée s’est récemment fait dérober une statuette importante. Les parrains ont alors profité que la danseuse soit déjà sur Ramo pour l’envoyer. A vrai dire, la brune ne sait que trop bien qu’elle n’est pas la première personne à qui les parrains ont pensé, mais son garde du corps attitré, et ami, est coincé dans les montagnes avec un autre maître le temps qu’il apprenne les rudiments du nen.
Avant d’arriver au point de rendez-vous, Kairsha s’arrête devant une vitrine et regarde, soucieuse de faire une bonne première impression malgré son retard estimé. Des baskets, tout ce qu’il y a de plus normal, surmontées d’un pantalon sable et recouvert d’un haut gris, un t-shirt simple sans fioritures. A son épaule, un sac à main imposant qui ne laisse pas deviner les armes qu’il contient, deux patins à glace, deux outils aux lames plus aiguisées que des rasoirs et au poids des plus inconfortable à recevoir.
Satisfaite, elle se passe la main dans les cheveux pour les lisser et avance alors. En approchant du lieu convenu, elle lève le poignet droit, sur lequel une montre bracelet est à l’envers, le cadran vers l’intérieur. Dix minutes d’avance, un soupir de soulagement lui échappe.
— Kairsha Jarken ?
Sa tête se retourne vivement vers l’origine de ce son, de ce nom prononcé de manière interrogatoire, d’un ton laissant pourtant deviner qu’il s’agit plus d’une question rhétorique que d’une qui attend une réelle réponse.
— Je suis Hari Nast.
Cette personne, Kairsha ne saurait dire s’il s’agit d’un homme ni d’une femme, possède toutes les caractéristiques discutées lors de la mise en place du rendez-vous, y compris le ruban rouge. L’inconnu(e?), non, Hari lui tend la main qu’elle prend comme attendu, peut-être un peu trop tendue de par sa volonté de bien faire.
— C’est bien moi, Nast-San.
Parfait, se dit-elle, la neutralité du qualifiant étant des plus appréciées dans cette situation.
Elle regarde autour d’eux, avise un bar auquel il ne reste que quelques tables vides.
— Cela vous conviendrait-il que nous nous asseyons dans ce lieu pour échanger ce que nous savons déjà ?
Tu ne t’en ai pas rendu compte, mais la sueur due à ta course effrénée commence à laisser des traces dans les restes de poudres sur ton visage, te donnant un air définitivement aux antipodes de celui que tu arbores habituellement dans ce genre de situations importantes. Air qui réduit à néant ton idée de dissimuler que ta volonté principale derrière cette proposition est simplement de t’asseoir pour récupérer.